❝ Valoriser les compétences discrètes permet aux entreprises de mieux se développer ❞ - Dominique du Paty

Entretien avec Dominique du Paty, Vice-présidente en charge de l’inclusion à la CPME,
Fondatrice de réseauH, membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes

❝ Valoriser les compétences discrètes permet
aux entreprises de mieux se développer ❞ - Dominique du Paty

Dominique du Paty, Vice-Présidente en charge de l’inclusion à la CPME et Fondatrice de réseauH

Ava - Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis fondatrice d’un cabinet conseil qui s’appelait, à l’origine, Handiréseau. Il s’est ensuite transformé en réseauH en 2021.

Nous accompagnons des personnes en situation de handicap ou en fragilité professionnelle temporaire ou durable dans et vers l'emploi. Maladies, licenciements, burn out, pertes de confiance… Nombreux sont les aléas de la vie qui ont des répercussions sur notre vie professionnelle. Nous accompagnons également les femmes vers une transition professionnelle et toutes les diversités.

Ava - Comment le cabinet Handiréseau a-t-il émergé ? Dans quel contexte ?

J'ai fondé Handiréseau en 2012, pour faciliter les partenariats et la collaboration entre les services Achats des entreprises et le Secteur du Travail Protégé et Adapté. Après un Master sur le campus HEC, j'ai développé une méthodologie de développement des achats responsables et des pratiques managériales inclusives.

Handiréseau accompagne les Directions achats, services RH, managers et organisations de toutes tailles, à la gestion de leur politique handicap et diversité ainsi qu’au développement de la gestion de carrières.

FEEA2023 organisée par réseauh

❝ réseauh accompagne les entreprises
dans leurs enjeux de politique handicap et diversité. ❞

À la création de Handiréseau, il y avait peu de ressources, au sein des entreprises, pour mettre en place une politique d’achats responsables. La loi Macron de 2016 et l’obligation d’emploi de personnes handicapées plaçaient pourtant cet enjeu sur le devant de la scène. C'est la rencontre avec mon associée Anne Montgermont, éthologue de formation, qui a insufflé une nouvelle expertise à réseauH et à sa marque Handiréseau : l'éthologie humaine.

Ava - Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’éthologie ?

L’éthologie humaine ? C'est une science qui prend en compte la globalité de l’être humain aussi bien d’un point de vue biologique que psychologique. Un accompagnement par le biais de l’éthologie (rétablissement comportemental) permet au salarié de travailler à identifier puis à transformer la problématique spécifique qui le fait souffrir au quotidien.

Elle permet au collaborateur accompagné de corriger une habitude pour en recréer une nouvelle, plus satisfaisante. Contrairement aux psychologues ou coachs qui accompagnent sur une problématique globale, nos éthologues permettent aux collaborateurs qu'elles accompagnent de reconnecter leur comportement à leurs besoins et à leur environnement professionnel sur la durée. Notre intervention dissout un blocage qui entrave la personne dans son développement personnel et professionnel.

❝ Nous, on va chercher là où ça fait mal. ❞

Par exemple, on va identifier avec le collaborateur :

• le moment où il perd ses moyens ;
• le déclencheur de sa colère...

Est-ce au moment où son manager lui reproche quelque chose ? Quand il vit un trop-plein d’émotions lors d’une réunion ? Quand tous les regards se portent sur lui ?

L’éthologue essaie d’analyser comment ce genre de réaction se déclenche. Il permet à la personne de comprendre par elle-même ce qui se passe. Un accompagnement éthologique est bénéfique dans un contexte professionnel pour :

• profiter d’une aide concrète et personnelle ;
• bénéficier d’un accompagnement aux avantages immédiat ;
• mettre en place son propre changement ;
• développer une assertivité augmentée ;
• maintenir un bon niveau d’employabilité ;
• comprendre et faciliter ses relations interprofessionnelles ;
• renforcer un maintien dans l’emploi plus durable.
  

Séance d’accompagnement de Anne Montgermont, éthologue et associée de réseauh

❝ On est des sortes de chirurgiens du comportement. ❞

Ava - Connaissez-vous la solution Ava ?

Je suis beaucoup sur le terrain et je m’occupe peu des relations institutionnelles ou relations clients.  Néanmoins, j’ai déjà croisé vos équipes, notamment aux États-Unis. Chez réseauh, nous aimons recommander des solutions intelligentes et faciles d’accès à nos partenaires. Dans ce cadre-là, j’ai déjà entendu mes collaborateurs recommander Ava en tant que solution pertinente pour l’accessibilité auditive.

Ava, meilleure solution de sous-titrage en direct disponible sur tous les appareils

Ava -  Aujourd’hui, selon vous, quelles sont les actions concrètes
sur le territoire français qui font avancer la diversité & l’inclusion de tous les travailleurs  ?

Tout n’est pas rose, mais je trouve que la société française fait des progrès incroyables. En tant que fondatrice de réseauH, Vice-présidente en charge de l'inclusion à la CPME - Confédération des Petites et Moyennes Entreprises - et membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, je vois les choses évoluer. Certes, il reste de nombreuses personnes “au bord de la route” et il ne faut pas relâcher nos efforts. Néanmoins, j’ai pu observer un levier de transformation majeur :  la mixité sociale des étudiants durant leurs études supérieures (-> lire notre article sur l’accessibilité des personnes sourdes aux études supérieures).

La nouvelle diversité de l’école française

L’école, l’université et les grandes écoles ont ouvert leurs portes à de nouveaux profils de jeunes, aux parcours ou aux postures différentes. Je trouve ça formidable ! De plus, les jeunes voyagent plus qu’avant. Ils ont une vision autre de la génération de leurs parents.

Le recrutement autrement

Depuis 3-4 ans, j’observe deux tendances :

1/ la difficulté des entreprises à recruter ;

2/ la recherche du "mouton à cinq pattes" est une vieille histoire ; les entreprises recherchent avant tout des candidats qui comprennent leurs objectifs et qui souhaitent participer activement à leur développement.

Les sociétés adoptent la diversité de cultures, de genres, de parcours et  la diversité dans tout ce qu’elle englobe en France. Les entreprises commencent à prendre le taureau par les cornes et recrutent des gens qui n’ont pas forcément les compétences requises, c’est passionnant. Ces entreprises accompagnent ces candidats à monter en compétences grâce à la formation en interne. (-> lire notre article sur le recrutement autrement ).

❝ On parle de 700 000 postes en attente de recrutement :

c’est l'occasion rêvée pour toutes et tous de s'intégrer
dans le monde passionnant de la TPE/PME. ❞

La mixité des métiers

Il faut pouvoir aussi valoriser tout ce qui touche à la mixité des métiers : c’est une réponse pertinente au besoin actuel des entreprises. Quatre entreprises sur cinq constatent une répartition déséquilibrée entre les femmes et les hommes en termes de poste, de salaire ou de niveau de responsabilité. Il y a une vraie prise de conscience collective que les femmes affrontent des inégalités.

L’idée de cette mixité des métiers est juste et elle permet d’ouvrir les portes à tous, ce qui est un élément intéressant dans le fonctionnement des Entreprises Adaptées. L’Entreprise Adaptée est aussi là pour dire : les métiers n’ont pas de genre.

Table ronde FEEA2023 organisée par réseauh

De formidables initiatives territoriales

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, j'étais invitée aux premiers trophées de l'ESS (Entreprise Sociale et Solidaire) par Marlène Schiappa, Secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative.  J'ai eu la chance de de me voir remettre un trophée comme dirigeante d’une société commerciale de l’ESS. Je suis ravie et fière de nos actions, je ne m'y attendais vraiment pas !

À cette occasion, j’ai pu constater qu’il y avait une foule d’initiatives territoriales aussi stimulantes et intéressantes les unes que les autres. Pendant cet évènement, j’ai rencontré des jeunes femmes porteuses de très beaux projets. Pourtant elles ne sont pas forcément des entrepreneuses en tant que telles. Je pense, par exemple, à un projet de restaurant solidaire porté par des femmes qui cuisinent à partir de leurs cultures respectives. Partout en France et en Europe, il y a des initiatives de ce type. Les Européens sont fiers de leurs territoires et veulent continuer à les faire vivre.

Les lauréates du Trophée de l'ESS 2023 en présence de Marlène Schiappa

❝ Ce sont des initiatives locales qui portent

toute une communauté. ❞

Ce qui pose question c’est : comment rendre ce type d’initiative économiquement viable ? Les citoyens doivent réaliser que ce sont eux qui soutiennent ce genre d’actions. La vraie responsabilité sociétale repose sur les épaules de chacun d’entre nous : entre commander un pot de confiture sur internet ou se rendre chez son commerçant de quartier, il y a un vrai choix à faire. Et ça,  ce n’est pas encore gagné !

Ava -  Le 14 mars dernier vous avez organisé l’évènement Les Trophées Femmes en EA & en ESAT. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

En 2014, ces Trophées sont nés après une rencontre avec une femme en Entreprise Adaptée. Je me suis rendue compte qu'encore trop peu de femmes travaillaient dans les EA.

J’ai voulu créer ces trophées pour valoriser les parcours exceptionnels de ces femmes dont on n’entend que trop rarement la voix. Elles ne se présenteraient jamais à ce type d’évènement en temps normal. Pourtant si une entreprise témoigne et se porte garante de leur professionnalisme, cela change la donne ! De plus, on sait que les femmes en situation de handicap ont beaucoup moins la possibilité d’évoluer dans la hiérarchie,  elles suivent des formations, mais n’osent pas revendiquer leur place. On sait qu’elles sont beaucoup plus victimes de violences. Une étude menée par l’IFOP pour LADAPT l’a démontré récemment.

Les lauréates du Trophée de l'ESS 2023

❝ La gratitude est un support essentiel de tout management. ❞

Ava - Vous êtes Vice-présidente en charge de l’inclusion au sein de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises. Pourquoi avez-vous souhaité intégrer la CPME ?

Je suis une syndicaliste patronale convaincue. Agir au sein de la CPME c’est contribuer à défendre les intérêts des TPE et PME et à faire entendre leur quotidien en leur donnant les moyens de développer leurs activités. Tous les  secteurs sont concernés : industrie, commerce, services, artisanat et professions libérales. LA CPME réfléchit à la notion de diversité et à la façon dont elle est appréhendée dans les PME, car en réalité, la diversité existe partout.

Quand François Asselin est arrivé à la Présidence, il a mis en place un Comex paritaire au sein de la CPME. Pour nous, les femmes, c’était assez nouveau, car les organisations syndicales découvraient depuis peu la parité et son fonctionnement. À la CPME du 93, avec l'aide de son Président Jean-Lou Blachier et notre Secrétaire générale Valérie Perrin-Terrin c'est une question qui ne se pose plus ! Nos complémentarités nous permettent de nous mettre au service des entreprises de Seine Saint Denis et de toutes leurs diversités.

Les membres du COMEX de la CPME

Tout n’est pas si facile, mais notre objectif reste clair : que les entreprises trouvent les collaborateurs de tous profils, de toutes diversités pour répondre aux besoins et aux attentes de leurs clients.

Ava - Un mot de la fin ?

Je tiens à remercier Ava de m’avoir donné la parole.

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