Laissez entrer Alma.
Alma est assise sans bouger. Autour de la table du dîner, sa famille discute joyeusement de ce qui semble être les histoires de classe de son frère. Mais Alma ne cesse de manquer les commentaires qu’il fait. Elle ne peut pas tourner la tête assez vite pour lire sur ses lèvres.
Un autre commentaire… Ce devait être une blague cette fois, car tout le monde rit maintenant. Tout le monde sauf Alma, bien sûr. Se sentant impuissante, elle attrape un livre et ne détourne pas le regard jusqu’à la fin du dîner.
Alma est malentendante. Et à cause de cela, elle a passé toute sa vie à essayer de rattraper ce que disent les entendants, y compris sa propre famille. Il n’y a pas que les dîners. Il y a aussi les réunions auxquelles Alma participe au cours de son stage et pour lesquelles elle ne reçoit qu’un résumé de trois lignes à la fin. Son groupe d’étude à l’université, la cafétéria, cet étudiant Erasmus avec son accent dans une boutique, attirant mais incompréhensible pour elle. Ses amis qui traînent toujours dans ces bars bruyants et sombres — elle a arrêté de les fréquenter, fatiguée de devoir feindre un faux sourire alors qu’elle ne comprend pas les échanges. Lire sur les lèvres. Jusqu’à ce qu’elle se sente épuisée ou frustrée. Parce que c’est difficile, et parce que tout le monde s’en fout.
Il n’y a pas qu’elle. Chaque jour, nous refusons à 360 millions de personnes sourdes et malentendantes comme Alma le plein accès à nos vies sociales et professionnelles. Il est grand temps que nous remettions cela en question.
Pourquoi nous faisons ce que nous faisons.
Chez Ava, nous venons de tous les horizons et de toutes les cultures. Nous avons été à la place d’Alma ou assis en face d‘une personne dans la même situation qu’Alma. L’expérience du fossé de communication entre sourds et entendants nous a tellement frustrés que nous avons décidé d’essayer de faire quelque chose pour y remédier.
Nous sommes ensemble parce que nous croyons profondément que des centaines de millions de personnes sourdes et malentendantes dans le monde devraient avoir le droit de vivre une vie totalement accessible.
Par totale, nous entendons vraiment totale : l’accessibilité devrait être possible à tout moment, partout, pour tout le monde.
Le mur du silence peut être brisé et il doit l’être ! Bien que nous sachions que ce ne sera pas facile, notre parcours de ces sept dernières années nous a amenés à penser que cet avenir, bien qu’extrêmement ambitieux et incertain, est possible. Une petite chance : c’est tout ce dont nous avons besoin pour travailler dur afin de vaincre les obstacles.
Ava signifie Audio visual accessibility (Accessibilité audiovisuelle)
Pour faire de l’accessibilité totale une réalité, voici nos convictions fondamentales.
1) Nous croyons qu’il est indispensable de combiner l’accessibilité audio et visuelle.
N’est-il pas plus naturel de se fier à ses yeux au moins autant qu’à ses oreilles lorsqu’on est malentendant ?
La plupart des efforts en matière d’accessibilité ont consisté à compenser la perte d’audition par l’utilisation d’appareils auditifs. Mais les personnes malentendantes s’imaginent que lorsqu’elles reçoivent des appareils auditifs, elles comprennent à nouveau comme par magie. Si seulement !
Les aides auditives fonctionnent assez bien dans de nombreux cas, mais elles sont souvent insuffisantes dans les conversations de groupe. La distance entre les participants et le bruit de fond rendent le travail plus difficile pour une aide auditive. La dynamique d’une conversation de groupe signifie que vous perdez la composante d’accessibilité visuelle car il est beaucoup plus difficile de lire sur les lèvres. Les aides auditives ne sont souvent pas suffisantes, et une partie du problème est que la plupart des gens ne le réalisent pas !
Si vous pouvez compenser cette perte de repères visuels, vous augmentez considérablement l’accessibilité. Le sous-titrage, les sous-titres dans les films, ou même le langage des signes sont de bons exemples d’ajout du visuel. Et ça marche du tonnerre !
C’est pourquoi nous avons choisi de faire d’Ava un produit visuel.
2) Nous pensons qu’une réduction spectaculaire des coûts est essentielle pour une accessibilité réellement globale.
Q : Pourquoi n’utilisons-nous pas déjà le sous-titrage pour toutes les conversations alors ?
R : Parce que c’est cher ! Bien qu’il soit parfois utilisé par les entreprises et dans les salles de classe, le sous-titrage est un service horaire, qui coûte environ 120 à 150€/heure. Ce n’est pas réaliste pour une accessibilité vraiment totale. Vous n’ajouteriez pas 100€ à votre addition lorsque vous déjeunez avec des amis, n’est-ce pas ?
Le coût de l’accessibilité doit être 100 fois moins élevé qu’il ne l’est actuellement.
En 25 ans, le coût a à peine baissé. D’autres domaines ont connu de grands progrès, mais malheureusement, les lois sur l’accessibilité (comme par exemple l’ADA en 1990 aux États-Unis) ont créé des incitations qui ont conduit au statu quo. Voici les hypocrisies du système :
- Il a créé une cage dorée pour les sourds. Le gouvernement américain finance les sociétés d’appels vidéo-interprétés ou sous-titrés. C’est génial, sauf qu’en dehors des appels téléphoniques, donc de l’essentiel de leur vie sociale, la personne sourde n’est pas aidée par ces services. En plus de cela, nous avons vu beaucoup d’abus financiers du système ces dernières années.
- Cela a créé un biais professionnel. Aux États-Unis, les entreprises de moins de 15 personnes ne sont pas tenues de fournir des aménagements spécifiques. En d’autres termes, ne vous attendez pas à voir une personne sourde ou malentendante trouver un emploi dans une start-up. Même dans les grandes entreprises ou dans le secteur public, les incitations sont contre eux : les employés doivent faire preuve de prudence s’ils veulent obtenir un nouvel emploi ou conserver l’ancien.
- Ce n’est pas évolutif. Des millions de personnes dans le monde ne disposent pas d’un gouvernement capable de financer des coûts d’accessibilité similaires. Un modèle durable et évolutif est nécessaire pour rendre le monde réellement accessible à 400 millions de personnes.
Est-ce le système d’accessibilité dans lequel nous voulons vivre et que nous voulons promouvoir ?
Le développement de technologies de reconnaissance vocale innovantes, associées à une expertise en matière d’accessibilité, est le seul moyen de parvenir à la réduction radicale des coûts. Il s’agit d’un problème extrêmement difficile, et c’est pourquoi Ava est une entreprise technologique à la base.
3) Nous pensons qu’ensemble, nous sommes plus forts.
Mais la réalisation de l’accessibilité totale sera un effort partagé. Nous ne nous attendons pas à développer toutes les solutions nécessaires pour faire progresser l’accessibilité. Nous espérons en faire partie, de manière aussi significative que possible.
L’accessibilité reste une expérience sociale. Une conversation implique des personnes. Bien qu’Ava soit conçue pour être une technologie collective, il existe des barrières que la technologie ne peut pas abattre. Les préjugés. Le manque de sensibilisation. L‘indifférence.
La prise de conscience est le moyen d’aller de l’avant. Si nous ne sommes qu’une entreprise technologique, nous ne serons pas en mesure d’avoir l’impact que nous devrions avoir. En tant qu’entreprise sociale, il est de notre responsabilité d’aller au-delà, d’être plus. Pour Alma, et pour tous les autres.
Une “énergie résistante”, comme le dit le héros de la pièce de Victor Hugo, Hernani. Un mouvement social.
Et nous avons besoin de vous pour cela. Qui que vous soyez, quel que soit votre parcours. Parce qu’ensemble, nous sommes plus forts.
Vous connaissez notre plan maintenant et…Nous avons déjà commencé.
Prêt(e) à nous rejoindre ?