Parce que personne ne veut être exclu d’une conversation.
Imaginez-vous assis à une table lors d’un dîner avec vos amis et votre famille. Tout le monde partage un repas dans la convivialité et passe un bon moment, certains font des blagues et des rires fusent.
Imaginez maintenant que les toutes personnes parlent dans une langue qui vous est inaccessible. Vous essayez d’utiliser des indices contextuels pour suivre la conversation. Mais il est difficile de savoir qui dit quoi quand tout le monde parle à la vitesse de l’éclair, ce qui vous laisse perplexe. Cette situation vous oblige à vous retirer des discussions et vous finissez par rester à l’écart.
Plus tard, votre ami remarque que vous avez manqué une blague et se penche vers vous pour vous dire : “Je te raconterai plus tard”, une expression sincère ; cependant, vous vous sentez toujours exclu sur le moment et peut-être pour le reste de la soirée. Il s’agit d’un exemple de situation où les personnes entendantes excluent involontairement les personnes sourdes ou malentendantes au cours d’un dîner, à cause de l’invisibilité de la surdité.
Le syndrome du dîner (DTS—Dinner Table Syndrome)
C’est ce que l’on appelle le “Dinner Table Syndrome” (syndrome de la table à manger en français), une expérience courante pour les personnes sourdes et malentendantes. Bien que cette expression ne soit pas toujours pertinente dans le cadre d’un repas, elle représente le manque d’accès à la communication des personnes sourdes et malentendantes.
Le blogueur sourd Ahmed Khalifa compare ces expériences au fait d’essayer de reconstituer un puzzle, mais “vous n’avez pas toutes les pièces”, ce qui vous donne un sentiment d’isolement, de solitude, d’épuisement et de frustration.
Pour certaines personnes sourdes ou malentendantes, un environnement entièrement en langue des signes est une solution idéale à ce syndrome. Cependant, même lorsque les gens sont prêts à apprendre la langue des signes, il est pratiquement impossible de conserver le rythme d’une conversation naturelle avec un nouvel apprenant de la langue des signes.
En outre, il est important de se rappeler que toutes les personnes sourdes ou malentendantes ne sont pas élevées dans un environnement de signes ou n’ont pas accès à la langue des signes, de sorte qu’une solution de sous-titrage fiable et prête à l’emploi est souvent nécessaire.
Ava a été créée en tenant compte du “syndrome du dîner”. Avec son application mobile et son logiciel pour ordinateur Ava s’efforce continuellement de répondre à ces situations inaccessibles pour les personnes sourdes ou malentendantes, qu’elles soient professionnelles ou sociales, à distance ou en présentiel.
Pour plus d’informations sur Ava et ses solutions d’accessibilité, cliquez ici.
Les débuts d’Ava
Deux de nos cofondateurs, Thibault Duchemin et Skinner Cheng, ont fait l’expérience directe du “Dinner Table Syndrome”, mais sous des angles différents.
Thibault est un CODA (Children Of Deaf Adults—Enfant d’adultes sourds en français) ayant grandi en étant la seule personne entendante de sa
famille proche. Comme beaucoup de CODA, il a passé son enfance à interpréter pour ses parents et sa sœur. Il a vu les membres de sa famille lutter pour communiquer et a ressenti une profonde empathie à leur égard, ce qui l’a amené à se passionner pour le développement de la technologie à leur avantage.
Les cofondateurs Skinner Cheng, CTO (à gauche), Pieter Doevendans, COO (au centre), et Thibault Duchemin, CEO (à droite).
D’autre part, Skinner est né entendant mais est devenu sourd à l’âge de deux ans. Il a grandi à Taiwan et est la seule personne sourde de sa famille qui s’est souvent mobilisée pour l’aider à communiquer.
L’expérience de Skinner avant et après la création d’Ava
Nous nous sommes entretenus avec Skinner pour parler de son expérience, de sa vie dans un monde d’entendants en tant que personne sourde.
Q : Parlez-nous de votre expérience de la communication en grandissant.
S: Ma situation à la maison à Taiwan n’était pas si difficile pour moi. Lorsque ma famille était à la maison, la télévision était généralement allumée ou les adultes s’occupaient de mes autres frères et soeurs. On ne parlait pas beaucoup, alors je ne me suis jamais senti gêné ou anxieux.
Skinner et sa famille à Taiwan
Même lorsque je suis de retour pour rendre visite à ma sœur ou sortir avec des amis, la télévision est généralement allumée, alors je me concentre là-dessus. Lorsque quelqu’un veut me parler, j’essaie généralement de lire sur ses lèvres, ou parfois ma famille intervient pour faciliter les échanges entre nous.
Q : N’avez-vous jamais été frustré?
S: Pour ma part, j’y suis très habitué. À mon avis, il ne s’agit pas seulement de moi, mais aussi de ma famille et de mes amis ; leurs ressentis sont également importants. Je pense donc qu’il y a un équilibre à trouver, où les gens s’accommodent de moi et où je m’accommode d’eux.
Dans ma culture, la politesse est essentielle, donc je ne partirais pas au milieu d’une conversation à table. Je resterais pendant toute la durée du repas et je vais essayer de m’intéresser au maximum. Je pense que c’est donnant-donnant.
Q : Comment faisiez-vous pour communiquer avant Ava?
S: Quand j’étais seul, j’utilisais du papier et un stylo la plupart du temps. Et même avec Ava au départ, avant de créer le mode hors-ligne sur l’application mobile Ava, il était difficile de communiquer dans des situations où la connexion internet était faible ou inexistante. Par exemple, lorsque je me suis rendu dans un centre d’examen (“je travaille à l’obtention de mon permis !”), la connexion Internet était vraiment catastrophique. Dans ces situations, je devais toujours recourir au papier et au crayon.
Maintenant, lorsque j’ai un appel vidéo, le mode de communication va dépendre de l’autre personne. Par exemple, avec ma mère, je peux lire sur ses lèvres et comprendre ce qu’elle dit la plupart du temps. Cependant, il y a des moments où je ne comprends pas et elle doit écrire ce qu’elle a à me dire.
Lorsque je prends un repas avec des personnes que je ne connais pas aussi bien, j’utilise généralement Ava sur mon téléphone. C’est d’une grande aide lorsque les personnes entendantes sont prêtes à faire un petit effort pour permettre de communiquer avec elles.
Q : Que représente Ava pour vous?
S: Nous avons conçu Ava pour remédier à l’inaccessibilité dans de multiples situations. Je passe beaucoup de temps au travail, alors pour moi, c’est le fait d’avoir le luxe et le privilège de voir l’accessibilité intégrée aux pratiques de notre entreprise et à toute interaction avec mes collègues, qui a le plus d’impact.
Une partie de l’équipe Ava regardant le coucher de soleil sur la plage lors de notre dernière retraite d’équipe avant le COVID.
Par exemple, nous avons l’habitude de demander à tout le monde de se rejoindre en utilisant les applications Ava pendant les réunions d’équipe. De cette façon, je n’ai pas à demander à quelqu’un de m’accueillir, et je peux voir exactement qui dit quoi, ce qui peut être difficile lorsque plusieurs personnes parlent. De plus, je suis rassuré de savoir qu’avec ADA (Americans with Disabilities Act ; Skinner se trouve aux États-Unis dans nos bureaux de San Francisco), l’accès à ces solutions d’accessibilité est un droit dont je bénéficie. Dans l’ensemble, cela rend mon quotidien beaucoup plus agréable et je suis plus productif.
Aux USA, en vertu de l’ADA, les travailleurs handicapés bénéficient de l’égalité d’accès à tous les avantages et privilèges liés à l’emploi dont jouissent les employés non handicapés se trouvant dans la même situation. L’obligation de fournir des aménagements raisonnables s’applique à toutes les installations non professionnelles fournies ou entretenues par l’employeur pour ses employés.
Mais il en est de même en France avec la Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005. Une prise en charge des solutions de sous-titrage Ava par la MDPH ou l’AGEFIPH est possible. Quant au financement des aides humaines, Ava Scribe (professionnel correcteur des transcriptions) rentre tout à fait dans la prise en charge.
L’accessibilité pour tous
Que pouvons-nous faire pour garantir que nos amis et les membres de notre famille sourds ou malentendants puissent suivre à la table du “dîner” ?
L’histoire de Skinner nous montre ce qui est plus important que le respect des obligations légales ; nous devons tous favoriser l’accessibilité. Même si Skinner a grandi à l’étranger, son expérience est universelle. 466 millions de personnes sourdes ou malentendantes dans le monde ont dû s’adapter à diverses situations de communication.
Nous sommes tous des humains et quelque chose d’aussi simple que la capacité de communiquer et de se connecter, fait toute la différence.
La mission d’Ava est de donner à chaque personne sourde ou malentendante les moyens d’agir, les moyens d’échanger afin que les générations futures n’aient jamais à faire face à ces expériences inconfortables et isolantes qui existent à cause du “syndrome du dîner”. Nous avons construit Ava pour que personne n’ait jamais à vivre ce que nos cofondateurs ont vécu.
Comment Ava fait de l’accessibilité une réalité
L’une des caractéristiques qui rend le sous-titrage en direct d’Ava unique est sa capacité à mettre en évidence qui dit quoi. Lorsque tout le monde connecte son appareil (smartphone, tablette ou ordinateur) dans une conversation de groupe via Ava, l’application affiche ce que nous appelons “l’identification du locuteur”.
C’est-à-dire que le nom et les sous-titres de chaque locuteur sont affichés dans une couleur différente pour chaque participants afin de faciliter la visualisation et la compréhension.
Pour permettre aux personnes sourdes ou malentendantes de participer activement à toutes les conversations, nous avons créé la fonction “vocalisation du texte” (Text-to-speech): la synthèse sonore permet ainsi de créer de la parole artificielle à partir de n’importe quel texte saisi. Cela rend toute conversation pendant le dîner, instantanément plus accessible.
Défense des intérêts et d’une plus grande autonomie
Nous croyons en l’accès pour tous, quel que soit votre niveau de revenu. Pour les personnes ayant une activité professionnelle ou pour les étudiants, nous fournissons des services de sous-titrage révolutionnaires et efficaces (voir Ava Pro et Ava Scribe) qui peuvent être totalement pris en charge par l’entreprise ou l’école/université, si vous faîtes la demande.
Nous savons que c’est plus facile à dire qu’à faire, c’est pourquoi nous avons créé une équipe totalement dédiée à la défense des droits pour donner aux employés et aux étudiants les moyens d’agir. Nous accompagnons ainsi des entreprises et établissements scolaires à favoriser l’accessibilité.
Nous pensons que le combat pour l’accessibilité ne doit pas reposer sur les épaules de ceux qui la vivent au quotidien. C’est pourquoi nous consacrons du temps et du travail pour faire de l’accessibilité une réalité !
Vous n’êtes pas étudiant ou salarié? Vous n’êtes pas pourtant mis à l’écart!
Nous avons récemment amélioré notre licence gratuite pour inclure le sous-titrage illimité. Si vous ne l’avez pas encore fait, téléchargez l’application Ava et essayez-la par vous-même !
Pour plus d’informations sur Ava et ses solutions d’accessibilité, cliquez ici.
Racontez-nous votre expérience du “syndrome du dîner”! Comment faites-vous face à ces situations?