L’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap reste un véritable enjeu de société.
Leur taux de chômage (14%) est deux fois plus élevé que la moyenne nationale et la crise économique et sociale liée au Covid-19 ne fait qu’accentuer les inégalités.
Parmi les 8,3% de demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’obligation d’emploi DEBOE, 63% sont en chômage de longue durée contre 51% pour l’ensemble de la population, à fin juin 2021 (Source : AGEFIPH).
On retrouve la plupart des travailleurs handicapés dans des secteurs les moins qualifiés (74% contre 50% de l’ensemble des actifs) et le faible niveau de formation initiale est souvent cité comme facteur explicatif des difficultés que rencontre cette communauté pour s’insérer dans la vie professionnelle.
Les mesures instaurées par les pouvoirs publics et l’AGEFIPH dès le début du premier confinement, visent à développer l’apprentissage car cette voie contribue à faciliter l’insertion. Une aide de 8 000 euros pour l’apprentissage est octroyée aux entreprises qui prendraient des personnes en situation de handicap apprenties, et plus de moyens du FIPHFP (Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique). Pour Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des Personnes andicapées:
“Un apprenti en situation de handicap ne coûte presque rien à une entreprise. Nous sommes sur une base de 6 500 contrats créés. Ces deux mesures sont sans limite d’âge.”
Bien que les initiatives en faveur de la participation des personnes en situation de handicap à la vie sociale ne datent pas d’hier, le handicap reste encore un sujet tabou, tant dans la société que dans l’entreprise.
Dans le cadre de la loi de février 2005, l’obligation faite aux entreprises en matière d’emploi de personnes en situation de handicap (6%) a justement pour objectif de transformer le regard et de favoriser l’inclusion.
La SEEPH, un temps fort pour mobiliser les initiatives d’inclusion
“Initier le changement de posture face au handicap et à l’emploi, promouvoir l’autonomie et la citoyenneté, encourager une société inclusive : telle fut l’ambition portée par LADAPT en créant en 1997 la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées. »
La SEEPH est devenue un point d’orgue. Elle mobilise tous les acteurs de l’écosystème à passer à l’action en créant des événements de rencontre et de recrutement de personnes en situation de handicap.
Cette année, la 25ème édition sera aussi l’occasion de s’interroger sur «Comment construire au profit des jeunes en situation de handicap pour que la génération montante ne soit pas sacrifiée? »
A cette occasion et dans le cadre de la Matinale Alternance & Handicap, organisée par LADAPT Essonne le 16 novembre prochain à la CCI Essonne, Ava apportera son retour d’expériences sur l’accompagnement de la jeunesse en situation de handicap auditif en France mais aussi au niveau international.
La jeunesse en situation de handicap est frappée de plein fouet par la crise sanitaire dont les conséquences économiques, sociales et financières accentuent d’inévitables difficultés à l’emploi. C’est pourquoi il est crucial d’apporter des solutions et de sensibiliser sur les moyens de compensation adaptés qui lui permettent d’accéder aux dispositifs d’apprentissage, aux études supérieures mais aussi à l’emploi.
Le handicap en entreprise, est-ce une histoire de quotas?
Le taux d’emploi des personnes en situation de handicap est de 3,8 % aujourd’hui. Si pour certains le handicap est une histoire de quotas, pour beaucoup d’autres mener une vraie politique d’inclusion des personnes en situation de handicap est un enjeu clé des politiques RSE.
Créé en novembre 2019, le Manifeste pour l’inclusion des personnes handicapées dans la vie économique—le Manifeste Inclusion—rassemble aujourd’hui plus de 140 signataires.
Sophie Cluzel, Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre en charge des Personnes Handicapées, indique qu’« en 2021 il est toujours nécessaire de faire évoluer le regard porté sur le handicap en entreprise. Les dirigeants ont besoin en parallèle de partager entre pairs et d’échanger sur leurs pratiques.»
À travers ce Manifeste, les dirigeants d’entreprises s’engagent à mettre en œuvre des politiques volontaristes sur une dizaine d’axes structurants, de la collaboration avec l’Education Nationale et les établissements d’enseignement pour faciliter l’insertion et l’évolution des jeunes en situation de handicap dans le monde du travail, jusqu’à l’engagement de collaborations novatrices avec les secteurs adaptés et protégés, l’évolution des modes de recrutement ou l’intégration de l’accessibilité numérique dans les schémas directeurs informatiques.
Ainsi, les entreprises ont bien compris qu’en faisant de la performance sociale, elles travaillent sur la performance économique. Qu’en pensent les Français?
Selon une enquête sur « Les Français et l’inclusion » publiée par le Groupe APICIL (3ème Groupe français de Protection sociale), les Français associent l’inclusion d’abord aux personnes en situation de handicap (26%), à l’égalité femmes-hommes (23%), aux personnes LGBTI et aux étrangers (22%).
Les principales discriminations observées par les personnes interrogées sont liées :
- Au handicap (83%),
- A l’origine ou à la race supposées (82%),
- A l’apparence physique (81%),
- A l’orientation sexuelle ou l’identité de genre (80%). •
La crise sanitaire et économique aggrave les préjugés, les stéréotypes et donc les inégalités. Six Français sur dix estiment ainsi qu’elle a un impact négatif sur les inégalités scolaires (69%), sociales (69%) et sur l’accès aux soins (64%).
Selon les Français, les entreprises ont un rôle fort à jouer pour favoriser la sensibilisation au sein de l’organisation (55%), les actions liées à l’embauche ou au maintien dans l’emploi (60%).
Pour les jeunes ayant participé à cette enquête, la « raison d’être » n’est pas un argument qui les motiverait à rejoindre une entreprise. Selon Sofiene Chaabani, Responsable domaine RH et Damien Dumas, directeur de la stratégie du Groupe APICIL, 76 % d’entre eux (écoles de commerce) souhaitent un poste en phase avec leurs valeurs.
Le niveau d’exigence des jeunes vis-à-vis d’une entreprise qui pratique l’inclusion est plus élevé que dans la population générale.
“Le rôle des entreprises est prépondérant dans la construction d’une société française plus inclusive. Au sein du Groupe APICIL, nous sommes convaincus du bénéfice de répondre à ce sujet au sein de l’entreprise. C’est une source de richesse, un levier de performance, une forme d’égalité professionnelle qui permet de fluidifier les relations dans l’organisation.”
Damien Dumas
Une démarche RSE implique de mettre en place des actions qui touchent tous les volets de l’activité de l’entreprise et comportent des enjeux sociaux, économiques, environnementaux mais aussi liés à la gouvernance et aux parties prenantes de l’écosystème.
Pour Prisma Media, leader des groupes bi-média de France, N°1 de la presse magazine, de la vidéo en ligne et de l’audience digitale quotidienne, la RSE est placée au cœur de sa stratégie globale.
Nous avons interrogé Marine Cuda, Responsable RH Engagement et Organisation et Référente de la Mission Handicap, afin de comprendre la place du handicap dans la politique Diversité du Groupe.
« Signataire de la Charte de la Diversité depuis près de 10 ans, qui vise à développer la diversité en entreprise et à lutter contre les discriminations dans le domaine de l’emploi, Prisma Media s’engage au quotidien en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap, ainsi que de leur intégration et développement professionnel.
Le Groupe propose ses postes aux personnes en situation de handicap tout en privilégiant une logique de compétence et d’emploi pérenne.
La Mission Handicap Prisma Media s’engage de manière globale pour l’accessibilité: que ce soit concernant son bâtiment—certifié HQE, dans l’aménagement des postes de (télé)travail ou encore la mise en place de compensations financières personnalisées en fonction du besoin.
A travers des actions et des évènements planifiés tout au long de l’année, les Prismaliens et Prismaliennes sont accompagné.e.s et sensibilisé.e.s au handicap dans tous ses enjeux et sa diversité. Il est important pour nous de faire du handicap un sujet d’engagement au long cours et pas seulement un sujet abordé durant la SEEPH ».
La notion d’accessibilité pour tous a été introduite par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Afin de garantir l’égalité des chances, il est important de veiller à la mise en place de moyens de compensation adaptés aux besoins de chaque personne.
Pour un salarié en situation de handicap auditif par exemple, avoir des solutions de sous-titrage ou l’intervention d’un interprète en langue des signes, est une condition indispensable pour qu’il puisse exercer son métier dans de bonnes conditions, au même titre qu’un travailleur ordinaire.
BAYA est Rédactrice graphiste au sein de Groupe Prisma Media. Malentendante, elle utilise Ava dans son quotidien professionnel, suite à l’accompagnement de la Mission Handicap Prisma Media, et nous apporte ici un témoignage sur son inclusion dans les projets d’équipe.
« Dans le cadre de mes missions, je suis amenée à travailler en collaboration avec des équipes. J’ai souvent rencontré des difficultés pour accéder à la communication, notamment lors des débats, des petites réunions, parfois lors des conversations avec des collègues. J’ai découvert et j’utilise Ava depuis début 2021 et cela change mon quotidien au travail. Grâce au sous-titrage je peux suivre les débats, comprendre tous les propos et participer aux discussions. Avec le Scribe, je peux vraiment mieux comprendre les propos des interlocuteurs car le professionnel corrige en direct les erreurs et les termes techniques, ce qui me permet de mieux saisir les contenus et ne pas confondre les sujets. Si je dois résumer en une phrase, je dirai qu’avec Ava, on peut tout comprendre ».
Le développement de solutions innovantes de compensation du handicap représente une perspective d’avenir pour l’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi à la fois pour les entreprises et pour leurs collaborateur.trice.s, qu’ils soient en situation de handicap ou collègues / managers de collaborateur.trice.s en situation de handicap.
Les solutions de sous-titrage en temps réel sont conçues pour répondre efficacement aux besoins de la communauté sourde et malentendante, ainsi que pour en finir avec le manque d’accessibilité et l’isolement.